Grand Corbeau (2023)
Ô Grand Corbeau !
Ton cri grave et rauque gronde tout là-haut. Ta silhouette noire d’ébène joue aux ombres chinoises dans les nuages, où tu côtoies pèlerins, chocards et gypaètes. Les humains ne t’aiment parfois pas beaucoup, et certains s’intéressent à toi uniquement parce qu’ils te trouvent « intelligent ». Tu sais faire des choses difficiles pour un enfant de 4 ans. On te fait passer des tests, et cela nous émerveille de te voir tirer sur une ficelle pour faire venir jusqu’à toi un petit bouchon contenant un ver de farine… Le monde sauvage mérite un autre regard. Plus vaste. Plus sensible. Le monde comme une grande symphonie, où chacun joue sa partition, humblement, sans se demander si le musicien d’à côté est utile ou non. Écouter le chant du voisin pour ajuster le sien. Ni trop fort, ni trop bas, exister sans déborder. Et trouver la mélodie qui épousera le chant du monde avec harmonie.
Un carré de papier s’est glissé entre mes mains. Quelques gouttes d’eau, il devient flexible, vivant. Quelques su-heures plus tard tu t’envoles enfin. Je t’ai photographié ce matin, lorsque l’ombre de la nuit laissait la place à la chaleur des premiers rayons de soleil. Un nouveau jour, un nouveau regard sur toi, merci d’être là, Ô Grand Corbeau !