Dans l'intimité d'une famille de Grands-Ducs

Plusieurs heures de vélo pour atteindre leur falaise.
L’endroit n’est pas sauvage, non.
Un bruit assourdissant.
Des humains pressés.
Trop pressés.
Je reste,
Ou je pars?
Je suis assis au bord d’une voie rapide.

Là-haut, perchés, ils nous observent.
Ils ont quelques semaines.
Deux jeunes Grands-Ducs.
Rien que leur nom impose le respect.

Je reste.

Que se disent-ils ?

Je suis subjugué par leur sagesse.
Leur immobilité.
Ils sont joueurs, ils sont drôles.
Ils se chamaillent ou ils s’embrassent.
Comment savoir?
L’un d’eux se contorsionne,
Le bec largement ouvert.
Ça y est.
Elle est sortie.
Une pelote de réjection.
Des os, des poils,
pleins de petites choses qu’il ne pourrait pas digérer.
Mon téléphone fixé sur ma longue vue,
j’immortalise des moments d’intimité merveilleux,
À plusieurs centaines de mètres de la falaise.
Je passe des heures à les observer,
jusque tard un soir, et tôt le lendemain matin.

Une vie qui balbutie,
Un duvet de plumes encore tout jeune,
Les premiers battements d’ailes les pieds sur terre.
Et un peu plus bas tout ce que l’humanité a de plus écoeurant.
La pollution, le bruit, la vitesse.
Une balafre de bitume sur une terre promise.

Peu importe.
Il faut témoigner.
Montrer cette beauté qui subsiste.
Qui survit là où elle peut.
L’espoir est toujours là.
Il est ce cœur qui bat.
Là-haut dans la falaise et sous ma poitrine.
Il a deux ou quatre pattes.
Il vole, marche ou parle.
Il est prêt.
À renverser la table.

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Jonathan Rebouillat
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