Jeudi 28 Octobre
14h53
Emelin m’appelle.
Je décroche.
Je lui demande « Il est là ? »
Il me répond « Devant moi. »
Mon sang ne fait qu’un tour. La joie m’envahit. Le tichodrome est revenu !
Je suis en plein pliage d’un origami de petit renardeau, mais là, je n’arrive plus rien à faire. Ça déborde à l’intérieur de moi. J’enfourche mon vélo et je pars.
Je le rejoins.
En pédalant, je pense à cet oiseau.
Si petit. Si fragile. Si rare.
Il était là l’année dernière, et celle d’avant aussi. Il revient. On ne sait pas d’où il vient, mais il en revient toujours. Seul. Dans cette tourmente de changements climatiques, d’épidémie à rallonge et d’Etat de plus en plus autoritaire, il y a ce petit oiseau qui revient, année après année. Tout n’est pas perdu. La vie est fragile mais pourtant si forte. Les larmes montent. Je les laissent couler.
J’appuie un peu plus fort sur les pédales.
Et j’arrive, une demi heure plus tard.
Je me fraie un chemin entre les ronces et les troncs emportés par la dernière grande crue. Vingt minutes de marche. Je scrute l’immense falaise que le tichodrome a choisi pour domicile. De grandes orgues basaltiques. Un royaume volcanique pour l’oiseau aux ailes étincelantes. J’arrive en sueur.
Il est là. J’ajuste ma longue vue. Je suis maintenant tout proche de lui.
J’attache mon téléphone sur l’oculaire. Une première pour moi. Je suis époustouflé du résultat. Difficile d’imaginer que les images que vous voyez sont réalisés en zoomant 100 fois !
Il papillonne.
Je l’observe.
Le temps s’arrête.
J’oublie tout le reste.
Je vole à ses côtés.
C’était hier.
C’est encore tout vibrant dans mon coeur.
Je vous livre ces images avec émotion.
Prenez-en soin.
Et écoutez la vie qui bruisse, elle est belle et puissante, elle est celle qui nous donne la force d’avancer, toujours.

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